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Gaïus Vagheni Kowene, toujours souriant |
Gaïus Vagheni Kowene est un jeune journaliste freelance,
bloggeur et activiste de la toile vivant en ville de Goma à l’est de la RD
Congo. Ce jeune rêve d’un Congo émergent où les nouvelles technologies peuvent
contribuer à changer la vie des couches de populations qui sont confrontées à
plusieurs défis. Et pour y arriver, Gaïus pense que le Congo doit d’abord se
doter d’une classe des jeunes qui domine la toile Africaine.
Par Fiston Mahamba
Larousse WA BIONDI à Beni, Nord-Kivu
Jeune accro à
internet, Gaïus Kowene est aujourd’hui âgé de 20 ans et fait déjà parti des
journalistes indépendants les plus en vogue dans la région du Kivu qui sont
dans la presse internationale et les plus actifs sur la toile. Après être passé
par quelques radios locales de la province Orientale et du Nord-Kivu et avoir suivi
plusieurs formations en journalisme notamment en ligne, cet ancien journaliste
de la Radio Merveille Bunia et étudiant à l’Institut Supérieur de Commerce a un
parcours éloquent qui n’a pas mis beaucoup de temps pour l’amener à ce travail
qu’il qualifie de passion : « Le
journalisme professionnel ». Il déclare avoir abandonné les medias
locaux pour se lancer dans une carrière de freelance vue la mauvaise image qui avait
pris racine dans la presse locale accentuée par le coupage.
Rêver est une chose, entrer en action en est une autre
Alors qu’il rêve
que la jeunesse Congolaise prenne la commande de la toile Africaine, ce lauréat
de la deuxième édition du concours de bloggeurs Francophones, Mondoblog
organisé par la Radio France Internationale n’a pas laissé son idée s’effondre
en lui. Il lance la première plateforme des bloggeurs dans sa région qui regroupe
aujourd’hui plus de 40 bloggeurs actifs. L’initiative est dénommée « BlogosphèreGomatraciene », Blogoma en sigle avec comme objectif le réseautage des
bloggeurs de la région du Kivu. Cette plate forme constitue un lieu où les
membres peuvent publier leurs articles, commenter et apporter leurs points de
vue sur les articles publiés par les confrères et surtout échanger d’expériences
et se partager différentes opportunités.
Cela est un pas franchi par ce jeune toujours derrière
une initiative. La Blogoma est aujourd’hui l’une des communautés en ligne de référence
en blog dans la région. Des demandes d’adhésion affluent, mais ici la sélection est l’un de critères
pour faire partie de cet école d’initiation au journalisme en ligne à ce moment
où l’info a atteint une vitesse de croisière depuis la venue des réseaux
sociaux.
Gaïus Kowene est
toujours confiant que son projet finira par aboutir. « Une fois une couche de la communauté saura qu’avec les nouvelles
technologies, on peut changer même la façon de gouverner par exemple en mettant
en ligne des pétitions, celle-ci constituera un catalyseur qui pourra
contaminer le reste de la communauté » soutient celui que ses intimes appellent
Monsieur Sourire. Pour mettre un lien avec l’activisme, Gaïus a ajouté l’aspect
doits de l’homme parmi les activités de la Blogosphère Gomatracienne car dans
ce pays où le droit de l’homme n’est pas respecté de même que la liberté
d’expression, il sera facile de dénoncer et d’étendre l’audience de cette dénonciation
à travers le web.
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Gaïus Kowene, deuxième à gauche avec les membres de la Blogoma, après une rencontre en janvier 20124 |
Gaïus Kowene passe
une majeure partie de son temps dans le traitement de l’information puis la
diffusion. Il use de plusieurs canaux pour vérifier ses informations enfin de
relayer une information vérifiable et véridique. Il dit éviter le manque de crédibilité
en diffusant tout ce qui lui arrive avant toute vérification. Pour la diffusion
des informations récoltées puis recoupées, il passe aussi par plusieurs
facettes médiatiques. Les réseaux sociaux comme Twitter, Facebook,… constituent
une de ses espaces de diffusion, mais aussi les medias internationaux comme la
Radio Télévision Suisse, la Deutsche Welle, la Radio Vatican, la Radio
Netherlands sont inondés de ses reportages.
Informer, rien qu’informer
Au début de l’année
2014, l’Est de la RDC connait une tribulation non attendue. Alors que les
rebelles du M23 qui avaient in stabilisé la région du Nord-Kivu pendant plus de
18 mois venaient d’être vaincu par l’armée Congolaise, le colonel MamadouMustafa Ndala qui avait conduit ces les FARDC lors de ces opérations de déroutedu M23 est assassiné dans une embuscade lui tendue en ville de Beni. Vivant enville de Goma, Gaius Kowene est dans la région de Beni pour des reportages. Le
jeudi 02 janvier 2014, jour de cet assassinat, Gaïus est à Mwenda, village
situé à plus de 60 Kilomètres de Beni pour reporter sur le meurtre collectif perpétré
dans cette région par les rebelles ADF. Il se décide de passer cette nuit à
Mwenda car ayant fini de travailler tard dans la soirée, aussi vue l’insécurité
dans la ville de Beni suite à la mort du général en titre posthume Mamadou
Mustafa Ndala.
Le lendemain, Gaïus
arrive en ville de Beni. Roulant sur une moto que conduisait un humanitaire avec qui ils ont été en
reportage, il aperçoit des manifestants qui démontraient à travers une marche
leur désarroi suite à cette mort tragique. Gaïus se dit « Hier j’ai raté les images après la
mort du colonel Ndala, cette fois ci je ne doit pas rater ces images des
manifestants ». Il demande à celui qui conduisait de s’arrêter et de
lui laisser capturer quelques images, mais ce dernier s’y oppose craignant que
la situation puisse dégénérer vue que la marche n’était pas encadrée par les éléments
de l’ordre. Gaïus voit qu’il va rater ces images. Sac au dos, appareil photo à
la poitrine, il saute de la moto, se retrouve par terre blessé. Vite dépêché à
l’hôpital, il subi une opération sur les lèvres supérieures et en dessous du menton.
Pour lui, ces blessures ne faisaient pas sa peine, comme on pouvait le
constater en lui rendant visite. Il était souriant et démontrait qu’il ne
souffrait pas. Sa joie était d’avoir informé les gens avec images à l’appui.